Gilles Favard, c'est l'heure du bilan ?
Que voulez-vous que je vous dise ? Il n'est pas terrible ! C'est un échec, avec des joueurs qui s'appelaient aussi Vainqueur, De Freitas, Moullec, Dossevi, Alonzo... Il ne faut pas s'y méprendre. Si on veut résumer ce vestiaire : il était surévalué et surpayé. Après on peut les passer en revue. Kamenar ? Il réalise une saison moyenne pour quelqu'un qui vient de l'étranger et auquel personne n'a adressé la parole ou payé une bière pendant trois mois. Il a mieux fini. C'est simple. Techniquement, il a du mal à couper les trajectoires. Il a tendance à suivre le ballon plutôt qu'aller dessus. On en a parlé avec Fabrice Grange. C'est un truc qu'il va travailler.
Mais n'aurait-il pas mieux fallu s'attacher les services d'un gardien français afin d'éviter cette inévitable période d'intégration ?
Moi, j'arrive le 1er juin. On me dit qu'il faudra se passer d'Alonzo et que N'Dy Assembé s'en va. Je regarde dans mes fiches. Mettez-vous également dans la tête que si tu ne rentres pas d'argent, vous ne pouvez pas recruter derrière. Kamenar, c'est un gros potentiel. Cech à Rennes, vous l'avez critiqué la première année ? Et Halilhodzic qui ne mettait pas un pied devant l'autre la première saison ? Du 1er juin au 31 août, j'ai passé mon temps avec un Gernot Rohr qui me disait des conneries et je n'ai pas mesuré le cancer du vestiaire ! Ça t'amène cette descente aux enfers. Ce vestiaire, c'était une verrue. Après, je ne me cache pas derrière mon petit doigt. Jarjat et Darbion, c'est à 100 % Rohr. Pour Jarjat, je suis le premier à faire amende honorable. J'ai apprécié son comportement, il peut évoluer à n'importe quelle place, même sur le banc, il ne dit rien ! C'est un mec extra. C'est pour ça que je voulais le garder mais je ne pourrais pas.
C'était tout de même mieux qu'Ernest Akouassaga ?
J'ai tenté un pari. Je l'avais vu jouer face à Chamakh et Adebayor. Il avait été bon, malheureusement, par la suite, il n'a pas répondu à mes espérances. Là, il a une blessure grave. Je suis inquiet.
L'échec du duo Darcheville - Zerka a prêté davantage à conséquence ?
Oui, c'est une déception. Et pourtant sur le coup, des techniciens comme Éric Roy (entraîneur de Nice) ou Alain Roche m'ont dit : tu as réalisé un bon coup. Maintenant, si c'était à refaire, je ne sais pas si je le referai. Je me suis planté.
Par sa sortie médiatique au soir du nul face à Laval, Darcheville a bien plombé le vestiaire ?
Pas d'accord. Le mec qui a plombé le vestiaire, c'est Rohr quand il a attaqué au lendemain de Dijon, alors que nous venions de gagner, Kamenar dans la presse. Après, je vais tout vous dire. Mon choix numéro 1, c'était Pagis mais je me suis fait torpiller par Rohr. Zerka, je l'aurais pris quand même.
Et Sambou, il n'était pas complémentaire avec Jean-Jacques Pierre ?
J'ai Gernot Rohr qui s'égosille au téléphone : j'ai un joueur, Pamarot. Pour 20 000 euros, il signe. Sauf que chaque semaine, ça grimpait pour atteindre un truc de martien. Il a fallu que je dise non au bout de trois semaines alors que j'étais sûr que cela allait se faire. C'est de la sorte que je prends Sambou, auteur d'un bon début de saison avant de se blesser. Après, il a la tête ailleurs.
Au Mercato, on a vu débarquer des joueurs hors de forme ?
Je l'ai toujours dit : le Mercato d'hiver est toujours un mauvais Mercato, sauf pour un Brésilien. El Adoua ? C'est Monsieur Furlan. Moi, je ne l'avais jamais vu. Ni d'Êve, ni d'Adam. Camara ? Monsieur Furlan encore. Il était prêté et je payais seulement un quart de son salaire. Lejeune ? On était tous d'accord, d'ailleurs je continue à penser qu'il vaut mieux que ce qu'il nous a montré. Après, l'histoire des gars qui n'ont pas beaucoup joué, c'est un faux problème. Si je ne prends rien et que l'on termine à cette place, vous allez me dire pourquoi n'avez-vous rien tenté ?
C'était peut-être l'occasion de faire davantage confiance aux jeunes ?
Barré, il se blesse alors qu'il pouvait espérer jouer. Lusinga ? On a essayé. Il joue un match et derrière se blesse deux. Pour tout vous dire, il sort de mon bureau. J'ai été clair avec lui. Je lui ai demandé s'il était capable l'an prochain de venir en soins l'après-midi à chaque fois qu'il s'entraînerait le matin. Il n'a pas d'autres choix après son opération des deux tendons rotuliens. Bonnes ? Furlan l'a fait jouer.
Le recrutement nantais a souffert d'un manque d'équilibre, notamment sur les côtés ?
Rohr m'a dit : j'ai Darbion, un gaucher qui va jouer à droite et de l'autre Abdoun. Moi, Gilles Favard, j'aurai joué avec deux côtés qui vont vite. On manque de vitesse. On n'a pas de mecs qui avancent ! Pourquoi avons-nous été bien lors des trois premiers mois ? Uniquement car nous avons évolué avec Pierre, Sambou et Shereni puis sur la fin Djilobodji. Le peu de matches que nous avons remporté, c'est avant tout parce que nous avons tenu athlétiquement. Pas par notre intelligence. Dans le jeu, on était plat comme des bidons (sic).
Des Papa-Malick Ba, il y en existe tout de même à chaque coin de rue ?
Au tarif où il est ! C'est un mec super dans le groupe, intelligent. Je rappelle que je l'ai pris comme un joueur de complément. Il est devenu titulaire par la force des choses, car Shereni a fait dix matches. Des guerriers comme lui, j'en prends plusieurs. Après, si vous souhaitez parler de manière plus générale, oui, cela a manqué de réflexion. Et ça ne date pas d'hier. Il faut de la patience, de l'humilité, et même avec tout ça, tu n'es pas à l'abri de te planter. Je regrette de m'être laissé influencer et de ne pas avoir pris un entraîneur avec qui j'aurai pu discuter. Pas comme avec Rohr qui voulait seulement Marcos et Abardonado !
En matière de recrutement justement, comment allez-vous fonctionner pour préparer la prochaine saison ?
J'ai eu une discussion avec Baptiste Gentili. Il m'a listé des joueurs, des profils. En aucun cas, je vais lui en imposer. Moi, je vois systématiquement trois matches par week-end. Pareil pour Alain Merchadier.