Au risque de l'oubli Les
trajectoires de Strasbourg (16e) et Nantes (15e), adversaires lundi
(20h30), rappellent que des clubs prestigieux peuvent plonger dans
l'oubli. Avant, parfois, de renaître. Au match aller, Nantes l'avait emporté 2-1 à La Beaujoire.(EQ)
Pour
l'instant, leur passé récent les apparente à Metz ou Le Havre, autres
spécialistes du yoyo entre l'élite et la L2 ensablés dans
l'antichambre. Nantes, 45 ans de suite en L1 (un record), en est à deux
descentes en trois ans, tandis que Strasbourg connaît sa quatrième
saison en L2 en neuf ans. Mais ces ex-Rois de France (8 titres pour le
FCN, 1 pour le Racing), confrontés aux pires résultats de leur
histoire, risquent bien pire. Leur avance sur le National n'est que de
trois (pour Nantes) et deux points (pour Strasbourg) avant leur duel de
lundi (20h30). Impensable vu les objectifs claironnés en début de
saison. Pourtant, un désastre est possible, et ils ne seraient pas les
premiers cadors à entrer dans un long tunnel.
Disparus en National, CFA, CFA2 Ils
faisaient partie du paysage de l'élite, vingt saisons minimum en L1,
les RC Paris, les Red Star, les Cannes, les Reims ou les Rouen.
Disparus, comme dans une chanson de Jane Birkin, en National, en CFA ou
CFA2. Le Racing a perdu la trace de l'élite en 1990, Cannes en 1998,
Rouen en 1985. Nîmes, trente-trois saisons en D1, aujourd'hui revenu
dans la lumière (4e de L2), est descendu en L2 en 1993, en National dix
ans plus tard et n'est sorti du purgatoire qu'en 2008. Autre exemple de
monument en péril : dans les Seventies, Guillou et Berdoll
symbolisaient un Angers en pleine bourre (deux fois 4e en 1972 et 1974)
avant la chute, alternance de National et de L2, éclairée par un retour
sans lendemain en L1 (1993).
Un atout : la patience Quoi
qu'il arrive ce lundi, Strasbourg et Nantes n'évolueront pas en L1 en
août prochain comme ils l'ambitionnaient il y a encore six mois. Ils y
reviendront sans doute, à condition de s'armer de ce qui leur manque
manifestement le plus : la patience. Car pour les clubs mis sous terre
qui prennent le temps de redémarrer et de construire, le ballon tourne
aussi dans le bon sens. Voyez Toulouse, relégué en D2 en 1994 et 1999,
en National en 2001, et de retour dans l'élite dès 2003 grâce à son
centre de formation. Nancy (très peu de L1 entre 1987 et 2004),
Montpellier (2004-2009), Valenciennes (1993-2006) ou encore Sochaux
(1994-2001) ont connu des éclipses plus ou moins longues, frôlé ou
atteint le National, avant de rebondir de façon quasi irrésistible une
fois trouvé le groupe commando prêt à vendre cher les couleurs du club.
Saint-Etienne est revenu, mais Reims... Lille,
l'équipe phare de l'immédiat après-guerre, a sombré dans les années
soixante avant de gravir à nouveau les échelons, de retomber en D2 en
1996, de friser la banqueroute et de renaître en 2000 au point de se
trouver ensuite un avenir européen. Qui se souvient que Lyon végétait
en L2 dans les années 80 (six saisons entre 1983 et 1989) ? Sûrement un
certain Jean-Michel Aulas, repreneur en 1987 et de retour en L1 deux
ans plus tard. Strasbourg et Nantes peuvent se dire que les monuments
ne meurent jamais vraiment. Que Saint-Etienne s'est remis de chacune de
ses descentes post-Glasgow (1984, 1996, 2001). Que Marseille a connu
deux retours décisifs en 1984 et 1996. Oui, mais la L1 attend un coucou
de Reims (deux finales de C1, comme l'OM) depuis 1979. L'année du seul
titre de champion de Strasbourg. Le Racing avait terminé avec deux
points d'avance sur Nantes.
- J. LB. et Cé. Ro.