Bienvenue sur la drôle de planète vélo ! Un petit monde sur deux roues qui ne tourne pas toujours bien rond… Je vous avoue que, ces derniers temps, comme vous sans doute, je ne sais plus si l’on doit en rire ou en pleurer ! Avouez que ce début d’année est particulièrement redoutable pour le fan de vélo : entre les steaks réchauffés de Contador, la suspension ô combien tardive d’Ullrich, les UV de Kittel, la fermeture du dossier Armstrong ou encore le shopping à l’étranger de Ciprelli, impossible de savourer paisiblement le retour des routiers en ce début de saison 2012. Qui plus est quand un Anglais à la facilité déconcertante rafle tout "on ze road"...
Heureusement, alors que je tardais à retrouver l’énergie qui me permettrait de rédiger un nouveau billet, alors que je me tournais vers d’autres disciplines comme le twirling bâton ou la boule bretonne, les performances des coureurs français et surtout deux articles diffusés dans nos journaux préférés m’ont redonné le moral ! Deux « papiers » importants qui sont passés, à mon sens, beaucoup trop inaperçus.
Le mercredi 8 février, au sein des pages sportives du quotidien Le Télégramme, le journaliste bien connu Jérôme Le Gall reprenait les déclarations du Docteur Armand Mégret. Le médecin de la FFC ne décolérait pas suite à la publication à la fin janvier d’une information sur Franck Ribéry, même s’il était certainement « couvert » par un certificat médical : «Le Bayern annonçait que, victime d'une douleur dorsale, Ribéry avait subi une infiltration et qu'il s'agissait d'une mesure préventive. Dans notre jargon, c'est clair, qui dit infiltration dit injection de corticoïdes. A titre préventif, ça ne se fait jamais car les corticoïdes ont une action dopante et ce n'est plus un acte médical mais un acte de dopage». Qu’il est bon d’entendre un spécialiste décrypter une info a priori anodine qui aurait pu passer inaperçue ! Attention, comprenons-nous bien : anodine dans certains sports... Ou dans certains pays !
Tout cela nous rappelle une autre belle affaire qui concernait not’ Zizou national, une info qui tomba rapidement aux oubliettes. Lors d’une émission de Canal + en octobre 2003, not’ Johnny Hallyday tout aussi national gaffait et donnait à tous le secret de sa longévité : les transfusions sanguines ! Son ami Zidane lui avait donné le nom d’une clinique suisse spécialisée : « on vous enlève du sang, on l’oxygène, on vous le remet. Zidane y va deux fois par an et c’est vrai, je comprends.» Aargh Jojo, damned, t’as balancé l’idole ! Mais ôtez-moi d’un doute, ne serait-ce pas interdit ? Mais ne serait-ce pas ce qui avait déclenché l’affaire Vinokourov le 24 juillet 2007 ? Parfois, grand niais candide que je suis, je me laisse aller à rêver à une homogénéisation des règles de lutte contre le dopage. Bon je vous rassure, ça ne dure que deux ou trois secondes avant que je ne redescende sur terre.
Autre exemple, autres lignes lourdes de sens aperçues ces derniers temps dans la presse… Marc Madiot, président de la Ligue nationale, nous offre enfin quelques raisons d’espérer un avenir meilleur. L’ancien vainqueur de Paris-Roubaix lance un joli pavé dans la mare. Il répondait aux questions de notre confrère Jean-Luc Gatellier du quotidien L’Equipe. Cet échange des plus intéressants a permis à Madiot d’énoncer quelques vérités très bonnes à entendre, dans ce contexte ô combien morose.
Madiot a par exemple dénoncé les organisateurs français qui oublient visiblement d’inviter les équipes françaises : « La plupart des (…) organisateurs se la jouent «perso». Ils se glorifient de leur petit plateau. (…) Ils voudraient que leur course ressemble au Tour de France. Ils ont tendance à trouver plus joli ce qui vient de l’étranger. On a le devoir de protéger notre cyclisme en privilégiant les équipes françaises plutôt que les étrangères. Les organisateurs étrangers n’ont pas de scrupules : le Tour de Grande-Bretagne a dit non à la FDJ l’an dernier. Les américains ne veulent pas de nous. (…) »
Viennent ensuite quelques lignes consacrées à l’avenir du cyclisme français et là encore, entre crise économique et internationalisation du peloton, Madiot vise juste et atteint sa cible : « nous avons dix équipes en France et pour tous nos coureurs un bulletin de salaire, une couverture sociale –ce qui n’est pas toujours le cas à l’étranger- , un réservoir de jeunes de qualité… Préservons l’emploi ! Nous serions les rois des cons, et moi le premier, si nous n’y parvenions pas. » Bravo Marco ! Ligue, fédé, équipes pros, organisateurs mais aussi ASO… Il est vrai que le vélo français n’offre pas aujourd’hui l’image d’une famille unie, à une époque où il conviendrait pourtant de se serrer les coudes.
Ne nous voilons pas la face en nous pâmant devant le maillot jaune estival de Magic Voeckler : notre cyclisme tricolore devra se battre et s’unir s’il souhaite conserver une toute petite place au soleil… Madiot semble donc décidé à enfiler son casque bleu, à provoquer l’électrochoc salvateur : « Nous sommes arrivés au bout d’une situation, on a touché le fond. Il faut réagir, se mettre autour d’une table pour que tout le monde y trouve son compte. La première personne que j’ai contactée, c’est Christian Prudhomme. Il a accepté. On pourra aussi parler de l’équipe Bretagne-Schuller. Je ne dis pas qu’elle doit être au Tour, je dis qu’elle doit faire de grandes courses sinon elle disparaîtra. » Voilà certainement des paroles qui iront droit au cœur des coureurs français… et bretons. Et ça n’est pas Romain Hardy qui dira le contraire !
Mais, pour l’instant, permettez-moi de conclure en souriant : ne boudons pas notre plaisir, quel panard de se retrouver à nouveau au bord d’un circuit !
Bonne saison !
Gurvan Musset